Le Temps passe. La Samhain est terminée mais je ne réintègre pas mon Corps, ce corpuscule corporel qui prend soin de moi, l’Esprit. La neige s’accumule sur mon chapeau, sur mes épaules, sur mes genoux repliés. 1er novembre. 2 novembre. 3 novembre. La neige continue de tomber, et on ne me voit plus. Sous la fenêtre de cet Autre Moi, sous une épaisse couche de glace verglacée, je somnole en état d’éveil. Le vent souffle, emporte avec lui les dernières guirlandes noires et oranges. Quand je gonfle mes narines bien grandes, je capte les vestiges odoriférants de toutes ces citrouilles abandonnées à une putréfaction ralentie par le froid. Bientôt je devrai me secouer pour me débarrasser de ce bouclier glacé… mais pas tout de suite. Immobile, j’écoute le récit du vent, et il me berce comme il le faisait il y a un an, dix ans, trente ans, mille ans, cent milles ans… il me berce mais je résiste au sommeil comme un enfant surexcité. Je résiste.