La lune ne fait pas encore acte de présence. Peut-être plus tard. En attendant il faut que je m’éloigne un peu de ces maisons trop typiquement banlieusardes et de ces lumières artificielles.
Je rêve d’un sentier usé par le pas des enfants qui reviennent de l’école, craquelé par le soleil de l’été, ponctué de racines sinueuses, ces doigts d'Arbres Vieillards. Un sentier qui longe une vieille clôture chancelante où il faut marcher avec la plus grande des prudences pour ne pas alerter le Vieux et Violent Grincheux, ainsi que son gros molosse de chien.
Mais c’est un espoir impossible. Il n’y a pas de sentier par ici, il n’y a que des trottoirs.
Et… tiens tiens tiens… des garçons délinquants qui versent de l’essence dans une bouche d’égout. Une allumette prend vie dans une main et tombe entre le grillage, et les flammes jaillissent du trou. Mais les garçons sentent ma présence et s’enfuient, oubliant le contenant d’essence derrière.
Par les flammes l’Enfer se matérialise momentanément, se réjouit de sa concrétisation dans notre monde. Des péchés juvéniles lui ont permis de nous visiter. Je m’en approche. Je regarde le gouffre. De petits diablotins de feu sautent, me conjurent de verser encore du combustible pour les alimenter.
"Allez mon bon monsieur, nous nous éteignons déjà!"
Je ris.
"Vous n’êtes que de pauvres et insignifiants petits êtres nuisibles," je dis tout haut.
Ils voient bien que je ne leur viendrai pas en aide. Leur séjour parmi nous est déjà presque terminé, alors leurs langues se font aigres et pestiférées.
"Quel être de Noirceur es-tu, qui n’aide pas même ses compagnons de la Damnation? Tu crois que tu as ta place parmi les Vivants? Tu crois que tu es différent d’eux? Si tu es parmi les Vivants c’est que tu en fais partie et que tu es destiné à être aussi misérable qu’eux. Que ta cape t’étrangle! Que les chiens te déchiquettent! Nous nous reverrons bien assez tôt!"
Mais moi je suis implacable, ce Soir m’appartient. Je dis: "Ah oui? Je suis un vivant? Vous en êtes certain? Vous pouvez m’envoyer toutes vos légions, ce soir je ne peux pas souffrir car je suis la Souffrance, je l’incarne et la transforme en un mystère bienfaiteur."
Ils s’enfoncent lentement dans la boue immonde de l'égout.
"Sorcier! Sorcier!" me murmurent-ils avec leurs dernières forces, s’étouffant avec la stagnation qui s’engouffre dans leur bouche.
Moi il y a deux garçons que je dois retrouver. M’immobilisant, j’écoute. J’entends un autre feu, je sens de la fumée.
Mais c’est un espoir impossible. Il n’y a pas de sentier par ici, il n’y a que des trottoirs.
Et… tiens tiens tiens… des garçons délinquants qui versent de l’essence dans une bouche d’égout. Une allumette prend vie dans une main et tombe entre le grillage, et les flammes jaillissent du trou. Mais les garçons sentent ma présence et s’enfuient, oubliant le contenant d’essence derrière.
Par les flammes l’Enfer se matérialise momentanément, se réjouit de sa concrétisation dans notre monde. Des péchés juvéniles lui ont permis de nous visiter. Je m’en approche. Je regarde le gouffre. De petits diablotins de feu sautent, me conjurent de verser encore du combustible pour les alimenter.
"Allez mon bon monsieur, nous nous éteignons déjà!"
Je ris.
"Vous n’êtes que de pauvres et insignifiants petits êtres nuisibles," je dis tout haut.
Ils voient bien que je ne leur viendrai pas en aide. Leur séjour parmi nous est déjà presque terminé, alors leurs langues se font aigres et pestiférées.
"Quel être de Noirceur es-tu, qui n’aide pas même ses compagnons de la Damnation? Tu crois que tu as ta place parmi les Vivants? Tu crois que tu es différent d’eux? Si tu es parmi les Vivants c’est que tu en fais partie et que tu es destiné à être aussi misérable qu’eux. Que ta cape t’étrangle! Que les chiens te déchiquettent! Nous nous reverrons bien assez tôt!"
Mais moi je suis implacable, ce Soir m’appartient. Je dis: "Ah oui? Je suis un vivant? Vous en êtes certain? Vous pouvez m’envoyer toutes vos légions, ce soir je ne peux pas souffrir car je suis la Souffrance, je l’incarne et la transforme en un mystère bienfaiteur."
Ils s’enfoncent lentement dans la boue immonde de l'égout.
"Sorcier! Sorcier!" me murmurent-ils avec leurs dernières forces, s’étouffant avec la stagnation qui s’engouffre dans leur bouche.
Moi il y a deux garçons que je dois retrouver. M’immobilisant, j’écoute. J’entends un autre feu, je sens de la fumée.
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