Alors que la lumière qui brille au-dessus de la porte s’éteint, je fais demi-tour, et --- me faufilant dans les ombres --- je fais le tour de la maison de pierre et je me rends jusqu'en arrière. Là, une glorieuse surprise! Un pendu, cadeau présenté à ces Forces de la Fête qui nous guettent.
Voilà! Je n’ai pas trouvé d’amis parmi les habitants de cette belle maison maintes fois centenaire, mais un compagnon m’attendait tout ce temps, immuable et fidèle.
Comme si l’on venait tout juste de l’exécuter, il se balance, et j’entends même le craquement de la corde qui le retient. Ce n’est pas un simple torchon que l’on a suspendu là; on a porté une minutieuse attention aux détails. L’illusion est parfaite.
Mais voilà le miracle: je détecte que l’illusion est illusoire. L’oasis n’est pas un mirage. Il est vrai, et conscient.
"Et si je te détachais de là?" je lui demande. Mais ma question est idiote. Je l’ai offensé… il ne me répond pas.
"Tu as raison, je suis bête. C'est ton rôle d'être pendu. C'est ta nature. Tu sais, d’une certaine façon, je t’envie. Ils t’aiment. Ils ont passé du temps avec toi. Tu seras accepté par eux, pour quelques jours du moins. Moi, ils ne m’ouvrent même pas leur porte. C’est que ça doit être des imbéciles, tu dis? Oui, peut-être. Mais dis-moi, t’attendais-tu à te retrouver où tu es en ce moment? Ils ont beau t’aimer, tu représentes une victime, non? Quel crime as-tu commis? Oui, c’est vrai. C’est même tragique: tu n’es coupable de rien. Ils ne pensent à rien en te voyant. Ils ne se font aucun scénario, ne te prêtent aucune personnalité. Et qu’est-ce que ce sourire qu’ils t’ont mis au visage? À moins que ce soit toi qui aies décidé de l’afficher courageusement, pour les défier, leur montrer que tu as bel et bien une personnalité. Tu es au-dessus de ça, d’eux, c’est ça? Si j’étais dans ta situation c’est ce que je ferais aussi. Toi et moi nous sommes frères, des présences intouchables. Intouchables parce qu’on ne se soucie pas des devoirs, des attaches, de ce qui est inévitable… ni du béton, ni des vulnérabilités, ni des voitures. Toi tu pends là, tu discutes avec l’arbre et la branche qui te supporte, tu remercies le vent de te dégourdir les jambes, et tu regardes tes Maîtres. Maîtres qui te sont inférieurs, mon bon ami, sois-en certain. Tu mérites cette certitude."
Je réalise tout à coup qu’en lui parlant, je viens perturber la contemplation tranquille de ses jours limités. Il pourrait même en venir à me détester, à cause de la haine envers ses maîtres que j’implante et nourris en lui.
Alors je soulève mes semelles de la Terre et je m’en vais vers mon rendez-vous avec la Tour Noire.
Voilà! Je n’ai pas trouvé d’amis parmi les habitants de cette belle maison maintes fois centenaire, mais un compagnon m’attendait tout ce temps, immuable et fidèle.
Comme si l’on venait tout juste de l’exécuter, il se balance, et j’entends même le craquement de la corde qui le retient. Ce n’est pas un simple torchon que l’on a suspendu là; on a porté une minutieuse attention aux détails. L’illusion est parfaite.
Mais voilà le miracle: je détecte que l’illusion est illusoire. L’oasis n’est pas un mirage. Il est vrai, et conscient.
"Et si je te détachais de là?" je lui demande. Mais ma question est idiote. Je l’ai offensé… il ne me répond pas.
"Tu as raison, je suis bête. C'est ton rôle d'être pendu. C'est ta nature. Tu sais, d’une certaine façon, je t’envie. Ils t’aiment. Ils ont passé du temps avec toi. Tu seras accepté par eux, pour quelques jours du moins. Moi, ils ne m’ouvrent même pas leur porte. C’est que ça doit être des imbéciles, tu dis? Oui, peut-être. Mais dis-moi, t’attendais-tu à te retrouver où tu es en ce moment? Ils ont beau t’aimer, tu représentes une victime, non? Quel crime as-tu commis? Oui, c’est vrai. C’est même tragique: tu n’es coupable de rien. Ils ne pensent à rien en te voyant. Ils ne se font aucun scénario, ne te prêtent aucune personnalité. Et qu’est-ce que ce sourire qu’ils t’ont mis au visage? À moins que ce soit toi qui aies décidé de l’afficher courageusement, pour les défier, leur montrer que tu as bel et bien une personnalité. Tu es au-dessus de ça, d’eux, c’est ça? Si j’étais dans ta situation c’est ce que je ferais aussi. Toi et moi nous sommes frères, des présences intouchables. Intouchables parce qu’on ne se soucie pas des devoirs, des attaches, de ce qui est inévitable… ni du béton, ni des vulnérabilités, ni des voitures. Toi tu pends là, tu discutes avec l’arbre et la branche qui te supporte, tu remercies le vent de te dégourdir les jambes, et tu regardes tes Maîtres. Maîtres qui te sont inférieurs, mon bon ami, sois-en certain. Tu mérites cette certitude."
Je réalise tout à coup qu’en lui parlant, je viens perturber la contemplation tranquille de ses jours limités. Il pourrait même en venir à me détester, à cause de la haine envers ses maîtres que j’implante et nourris en lui.
Alors je soulève mes semelles de la Terre et je m’en vais vers mon rendez-vous avec la Tour Noire.
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