Sans le réaliser je me suis levé et j’ai marché longtemps dans ce Monde, et j’ai vu que malgré son unité il résonne de ses variations infinies.
Les occupations humaines… et mon état unique: le marcheur qui regarde.
Le temps avance, comme mes pas, mais néanmoins ce qui m’entoure est intemporel et dans le Néant résonne par la valeur de sa qualité temporaire.
Me voilà qui franchie les délimitations officielles d’une école polyvalente. C’est l’heure du dîner et les élèves sont actifs, alors je dois faire preuve de ruse pour ne pas être aperçu.
Avant de consacrer une partie de mon éternité à ce qui se déroule en dedans, je ferme les yeux et pense à ce qui existe ailleurs. Sans doute, quelque part dans le Monde Souterrain, les druides sont tombés de fatigue, le visage tâché de suie et les mains recouvertes de sang séché. Tout près, un chat roux a perdu sa dernière chaleur, et les premiers insectes s’infiltrent en lui par les orifices naturels.
Le lieu où je me trouve cogne sur mes yeux; je les ouvre, et ma conscience revient à l’immédiat.
Je longe les murs de briques et j’entre dans l’école par une sortie d’urgence. Un endroit bruyant, une énergie de foule constante qui irradie l'esprit; une personne âgée s’y sentirait mal. Par une fente dans la porte je regarde passer les étudiants. Ils s’en vont à l’auditorium pour un concours de costumes. J’aime l’énergie qui, ici aussi, bat et respire, mais l’idée d’un concours qui vient hiérarchiser l'intangible me répugne, alors je retourne à l’extérieur et marche dans les rues presque vides du jeudi après-midi.
Dans certaines maisons des enfants trop jeunes pour l’école s’impatientent et demandent quand ils pourront passer l’Halloween. Ils seraient déjà prêts à se costumer, mais les parents tempèrent leurs sauts d’enthousiasmes.
Dans un sous-sol un homme est seul, assis dans la pénombre, et il pense à son enfance et il aurait envie de courir dans les rues et de manger des friandises.
Une jeune fille triste, triste, un chagrin ayant atteint la maturité, émanant de ses yeux pochés et de sa bouche inquiète. Le temps d’un instant, alors que dans sa marche elle me frôle de sa manche, moi le grand monsieur vêtu et coiffé de noir, elle sourit et lève la tête du trottoir. Sur son bras un parapluie pend, inutile et agaçant.
Ma marche est comme ça, ponctuée des événements qui se déroulent autour de moi. Et la journée avance, et le moment de mon retour au sommeil approche.
Le vent se lève et je ferme les yeux, sentant sur mes joues, sur mes paupières, sur mes lèvres, le contact amical des petits Esprits de l'Air, enjoués et furtifs. Bleus… la fraîcheur de ce vent me dit que ces Esprits doivent être bleus. Ouvrant les yeux, j’envisage ce à quoi mon entourage ressemblerait si j’avais les yeux pour voir les quatre Éléments. Le Vent remplirait le monde comme un liquide, laissant derrière les petites traces éphémères de ses mouvements, rendant plus vivante cette ville que j’ai tantôt sentie si immobile.
Les grands vents m’ont toujours réconfortés; je n’ai jamais exactement compris pourquoi. Peut-être à cause de ces petits Esprits auxquels je songeais déjà, à d'autres époques de ma vie? Ou encore peut-être à cause de la jouissance physique que de tels moments apportent à tous mes gestes et perceptions? Parce que je suis ancré à la fois dans mon corps et dans mes rêveries? Peu importe la raison, il n’en demeure pas moins que de tels phénomènes éoliens m’impressionnent et se logent dans ma mémoire pour longtemps. C’est probablement la sensation la plus intense que je connaisse, avec la baignade; l'élément (l'Air ou l'Eau) m’entoure tout entier, sans me menacer d’aucune façon. Et le Toucher n’est pas le seul sens à en être stimulé. Le vent gronde dans l’Ouïe, venant s'amuser dans le petit labyrinthe des oreilles, entrant près du lobe et nous hypnotisant par sa masse sonore. Et les odeurs qu’ils nous transportent, ces Esprits, sont glorieuses et toujours surprenantes.
Oui, se faire Ami de tout ce qui Est, autant ce qui Vit que ce qui est Éternel. Cultiver ces amitiés malgré tout, malgré la non-réciprocité des sentiments, malgré l’absence d’un témoin perpétuel en cet Ami, ne s’occuper que d’entretenir des Liens avec le Monde pour que notre Âme soit Vive, Riche et Fertile.
Les occupations humaines… et mon état unique: le marcheur qui regarde.
Le temps avance, comme mes pas, mais néanmoins ce qui m’entoure est intemporel et dans le Néant résonne par la valeur de sa qualité temporaire.
Me voilà qui franchie les délimitations officielles d’une école polyvalente. C’est l’heure du dîner et les élèves sont actifs, alors je dois faire preuve de ruse pour ne pas être aperçu.
Avant de consacrer une partie de mon éternité à ce qui se déroule en dedans, je ferme les yeux et pense à ce qui existe ailleurs. Sans doute, quelque part dans le Monde Souterrain, les druides sont tombés de fatigue, le visage tâché de suie et les mains recouvertes de sang séché. Tout près, un chat roux a perdu sa dernière chaleur, et les premiers insectes s’infiltrent en lui par les orifices naturels.
Le lieu où je me trouve cogne sur mes yeux; je les ouvre, et ma conscience revient à l’immédiat.
Je longe les murs de briques et j’entre dans l’école par une sortie d’urgence. Un endroit bruyant, une énergie de foule constante qui irradie l'esprit; une personne âgée s’y sentirait mal. Par une fente dans la porte je regarde passer les étudiants. Ils s’en vont à l’auditorium pour un concours de costumes. J’aime l’énergie qui, ici aussi, bat et respire, mais l’idée d’un concours qui vient hiérarchiser l'intangible me répugne, alors je retourne à l’extérieur et marche dans les rues presque vides du jeudi après-midi.
Dans certaines maisons des enfants trop jeunes pour l’école s’impatientent et demandent quand ils pourront passer l’Halloween. Ils seraient déjà prêts à se costumer, mais les parents tempèrent leurs sauts d’enthousiasmes.
Dans un sous-sol un homme est seul, assis dans la pénombre, et il pense à son enfance et il aurait envie de courir dans les rues et de manger des friandises.
Une jeune fille triste, triste, un chagrin ayant atteint la maturité, émanant de ses yeux pochés et de sa bouche inquiète. Le temps d’un instant, alors que dans sa marche elle me frôle de sa manche, moi le grand monsieur vêtu et coiffé de noir, elle sourit et lève la tête du trottoir. Sur son bras un parapluie pend, inutile et agaçant.
Ma marche est comme ça, ponctuée des événements qui se déroulent autour de moi. Et la journée avance, et le moment de mon retour au sommeil approche.
* * *
Le vent se lève et je ferme les yeux, sentant sur mes joues, sur mes paupières, sur mes lèvres, le contact amical des petits Esprits de l'Air, enjoués et furtifs. Bleus… la fraîcheur de ce vent me dit que ces Esprits doivent être bleus. Ouvrant les yeux, j’envisage ce à quoi mon entourage ressemblerait si j’avais les yeux pour voir les quatre Éléments. Le Vent remplirait le monde comme un liquide, laissant derrière les petites traces éphémères de ses mouvements, rendant plus vivante cette ville que j’ai tantôt sentie si immobile.
Les grands vents m’ont toujours réconfortés; je n’ai jamais exactement compris pourquoi. Peut-être à cause de ces petits Esprits auxquels je songeais déjà, à d'autres époques de ma vie? Ou encore peut-être à cause de la jouissance physique que de tels moments apportent à tous mes gestes et perceptions? Parce que je suis ancré à la fois dans mon corps et dans mes rêveries? Peu importe la raison, il n’en demeure pas moins que de tels phénomènes éoliens m’impressionnent et se logent dans ma mémoire pour longtemps. C’est probablement la sensation la plus intense que je connaisse, avec la baignade; l'élément (l'Air ou l'Eau) m’entoure tout entier, sans me menacer d’aucune façon. Et le Toucher n’est pas le seul sens à en être stimulé. Le vent gronde dans l’Ouïe, venant s'amuser dans le petit labyrinthe des oreilles, entrant près du lobe et nous hypnotisant par sa masse sonore. Et les odeurs qu’ils nous transportent, ces Esprits, sont glorieuses et toujours surprenantes.
Oui, se faire Ami de tout ce qui Est, autant ce qui Vit que ce qui est Éternel. Cultiver ces amitiés malgré tout, malgré la non-réciprocité des sentiments, malgré l’absence d’un témoin perpétuel en cet Ami, ne s’occuper que d’entretenir des Liens avec le Monde pour que notre Âme soit Vive, Riche et Fertile.
1 commentaire:
Merci d'être venu jouer dans le petit labyrinthe de mes oreilles..avec le vent de tes mots...
Juste avant de lire les tiens je venais de lire ceux de Voltaire( en citation du jour): L'oreille est le chemin du coeur ".
Merci encore.
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